Auto123 fait l’essai du Ford Edge ST 2020.
Il y a un peu plus d’un an, je prenais le volant du premier multisegment Ford tatoué de l’écusson ST. Le Ford Edge le plus dynamique de sa lignée a depuis été rejoint par le très mature et très puissant Ford Explorer ST, ce qui porte l’offre ST à deux modèles au pays.
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Pomme pourrie ?
Malheureusement, mon premier contact ne s’est pas déroulé sans encombre. Le véhicule mis à ma disposition était affligé de quelques troubles de qualité d’assemblage, et ce, malgré seulement 5000 km au compteur. Était-ce le fruit d’abus de la part de l’un ou plusieurs de mes collègues, ou simplement un véhicule mal assemblé à l’usine ontarienne d’Oakville ?
Peu importe la cause réelle de ce premier contact légèrement gâché par une qualité en deçà des attentes, ce deuxième essai en pleine canicule — et en période de pandémie — se devait d’être à la hauteur. Les lignes qui suivent expliquent si, oui ou non, ce deuxième contact m’a redonné confiance en ce multisegment à deux rangées de sièges « made in Canada ».
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Sportif, mais doux comme un agneau
Nul doute, le Ford Edge ST est le plus dynamique de la gamme, et je ne parle pas nécessairement de son apparence musclée ici. Avec un V6 biturbo de 2,7 litres bon pour 335 chevaux et 380 livres-pieds de couple, il n’a rien d’une tortue ! Je dois même ajouter que la sonorité de ce 6-cylindres est très convaincante lorsque le mode S (S pour Sport) est enclenché.
De son côté, la boîte de vitesses automatique à huit rapports se montre relativement transparente en mode normal… et un peu plus saccadé en mode Sport, un élément que j’avais remarqué l’hiver dernier. Rien de surprenant ici, car pour enregistrer des temps d’accélération dignes d’une voiture sport, il faut accepter ces « à-coups » lors des passages.
Pour améliorer la tenue de route de l’utilitaire à deux rangées, les ingénieurs de Ford Performance ont quelque peu retravaillé la suspension avec des amortisseurs spécifiques et des barres antiroulis plus grosses. Les disques de freins sont plus grands au deuxième essieu, tandis que les plaquettes sont conçues pour mieux résister à un traitement abusif. Quant à ces jantes de 21 pouces (des unités de 20 pouces sont également livrables), elles amplifient quelque peu la sensation de la route. Et comme l’hiver dernier, j’ai pu me rendre compte que le Ford Edge ST est sautillant sur une chaussée abîmée.
Toutefois, malgré toutes ces modifications au châssis, le Ford Edge n’a pas perdu de vue sa mission première, soit de transporter quatre ou cinq passagers dans un confort relatif. Bref, malgré cette sportivité marquée, le modèle ST se veut un compagnon idéal pour les longs trajets sur l’autoroute, grâce notamment à ses sièges moelleux et un habitacle bien insonorisé.
Un monstre d’accélération, mais…
Les ingénieurs de Ford Performance ont certainement réussi à peaufiner un multisegment qui commence sérieusement à prendre de l’âge, mais un élément demeure : le poids. Le Ford Edge ST est clairement plus rapide en ligne droite, le souffle des deux turbos qui se fait ressentir jusque dans l’habitacle. Avec un temps d’accélération à 100 km/h qui tourne aux alentours des 6 secondes, il est même étonnant de voir un tel mastodonte de plus de 2000 kg réussir à enregistrer de telles performances.
Les ajustements au niveau de la suspension et des pneumatiques, sans oublier le contrôle vectoriel de couple, contribuent bien entendu à l’agilité du Ford Edge. Mais il y a des limites ! En forçant un peu, on se rend compte que la quincaillerie à l’avant pèse lourd sur l’essieu qui fait son possible pour maintenir la trajectoire. Le freinage, aussi, n’est pas celui d’une voiture de piste ou, si vous préférez, d’un authentique VUS de performance. La direction, bien qu’agréable au quotidien, mériterait, elle aussi, une dose de précision en conduite sportive.
Au risque de me répéter, le Ford Edge n’a pas été conçu à la base pour devenir un concurrent direct du Porsche Macan. Sa fonction première est d’enfiler les kilomètres sur les boulevards et les autoroutes de l’Amérique du Nord, pas de battre des records de vitesse en circuit fermé.
Néanmoins, cette métamorphose ST le rend tout de même plus sympathique… surtout aux yeux des propriétaires de Focus ST. J’ai même reçu quelques pouces en l’air de la part d’un conducteur de la sportive compacte pendant ces quelques jours d’essai. Après tout, les deux véhicules sont unis par les liens de l’écusson.
Et la qualité d’assemblage ?
Je dois aussi me prononcer sur la qualité d’assemblage qui faisait défaut la dernière fois qu’un Edge ST a occupé mon entrée de garage. Je l’admets, cette fois, le multisegment nord-américain était franchement mieux ficelé. Aucun frottement dans le système de freinage, aucun trouble à refermer le hayon électrique et même un alignement précis des panneaux de carrosserie.
On peut encore faire mieux, mais pour ce deuxième contact, le plus dispendieux des Ford Edge n’avait rien à se reprocher… pour un véhicule utilitaire dont le prix frise les 55 000 $. Bien entendu, à cedit prix, il existe plusieurs options intéressantes (de véhicules utilitaires) qui risquent même d’être supérieures au niveau de la qualité générale, voire même de l’agrément de conduite. Il en revient au consommateur de déterminer ses besoins et ses goûts personnels.
Le mot de la fin
Je ne m’avancerai pas du côté prestigieux de l’industrie. Avec un budget similaire, il faut considérer un VUS plus compact pour obtenir des performances semblables. Toutefois, je me dois d’inclure le Chevrolet Blazer RS à cette courte liste de multisegments grand public offrant une expérience de conduite similaire. C’est vrai, le représentant au nœud papillon concède quelques chevaux-vapeur (305 contre 335) au Ford Edge ST — l’écart est plus prononcé au niveau du couple (269 livres-pieds contre 380) —, mais dans la colonne « agrément de conduite », le plus récent Blazer RS en donne un peu plus à son conducteur, et ce, malgré une mécanique moins explosive.
Malgré tout, je dois admettre que cette carrosserie de couleur Argent emblématique confère au Ford Edge ST des allures de « sleeper ». À part les quelques détails peints en noir et ces écussons rouges aux deux extrémités, le plus rapide des Ford Edge se fond à tous les autres utilitaires sport sur la route. C’est ça, un « sleeper » ; un bolide performant dissimulé sous une robe discrète à l’abri des regards.
Je me dois de féliciter le constructeur d’avoir joué d’audace dans le cas du Ford Edge ST, et ce, même s’il existe des options plus compétentes pour vivre des sensations fortes dans le créneau utilitaire. Heureusement, le Ford Edge ST s’est racheté pour ce deuxième contact grâce à une qualité générale supérieure à celle du véhicule mis à l’épreuve l’an dernier.
On aime
La sonorité du V6 biturbo
Le confort général malgré la suspension sport
Son côté « sleeper »
On aime moins
Son poids
L’âge de la plateforme
La concurrence principale
Chevrolet Blazer
GMC Acadia
Honda Passport
Jeep Cherokee
Nissan Murano
Subaru Outback
Toyota Venza (2021)
Volkswagen Atlas Cross Sport