La mère des sœurs Norah et Romy Carpentier n'a plus confiance envers le système, après avoir entendu une quarantaine de témoins, dans le cadre de l'enquête du coroner sur la mort des deux fillettes enlevées puis assassinées par leur père, en juillet 2020, à Saint-Apollinaire.
Amélie Lemieux a pris la parole une dernière fois aujourd'hui, avant la fin de l'enquête. Elle est convaincue que plusieurs éléments de l'opération policière sont venus anéantir les chances de retrouver sa famille en vie.
La voix brisée et en sanglots, elle a déploré les problèmes de communication, le travail en silo, le manque d'effectifs, les mauvaises décisions, les agents mal formés et les pertes de temps qui ont miné les opérations de recherche de la Sûreté du Québec, tel que constaté par plusieurs témoins.
Elle regrette aussi le manque d'urgence dans les premières heures de l'étrange disparition, parce que Martin Carpentier n'avait pas de dossier criminel et d'antécédents en santé mentale, alors que son comportement était pourtant irrationnel.
Ce que je retiens, c'est qu'étant donné que Martin n'avait pas de dossier criminel, de propos suicidaires clairs et qu'il n'avait pas d'antécédents de violence, ces éléments ont joué contre nous. Les policiers ne semblent pas avoir accordé toute l'importance requise par la disparition de mes enfants.
Amélie Lemieux souligne qu'elle a encore aujourd'hui de la difficulté à être en présence d'enfants et qu'elle a dû réapprendre à respirer.
Elle ajoute que tout est fade et sans goût depuis la tragédie, qu'elle fait des cauchemars récurrents et que chaque soir elle embrasse les urnes de Norah et Romy en leur disant qu'elle regrette de ne pas avoir pu prendre leur place.
Les deux procureurs qui représentent la Sûreté du Québec et le ministère de la Sécurité publique prétendent de leur côté que l'expert principal Alain Croteau, qui a été très critique sur le déroulement de l'opération de recherche, est influencé par le regret et l'amertume.
Il avait notamment affirmé que le secteur où les corps des deux enfants ont été retrouvés aurait été ratissé presque deux jours plus tôt, si les recherches avaient été effectuées dans les règles de l'art.
Chose certaine, tous s'entendent pour dire qu'il manquait d'effectif pour la recherche terrain au moment de la disparition et que la planification n'était pas optimale.
Le coroner Luc Malouin se met maintenant à l'écriture de son rapport qu'il espère déposé cet automne.
Écoutez le reportage complet dans l'extrait ci-dessus.
