Jean-Sébastien Fallu, professeur à l'école de psychoéducation de l'Université de Montréal, estime que certains États évitent d'aider les personnes en situation d'itinérance qui ont une dépendance aux drogues, en raison d'intérêts économiques.
Il souligne d'emblée que chaque personne à la rue a une trajectoire de vie et qu'elle ne consomme pas nécessairement. Or, une certaine partie des itinérants se tourne vers la drogue pour « s'adapter, se médicamenter ». « C'est pas mal ce que n'importe qui ferait dans ces situations-là », précise-t-il.
Un problème qui débute aux racines
Le professeur explique que les déterminants sociaux comme avoir une bonne éducation, de bons soins de santé et avoir accès au logement sont la base pour éviter que des citoyennes et citoyens n'aient plus de domicile. Ce ne sont toutefois pas les seules mesures que l'État doivent prendre selon lui.
Il spécifie que la répression ne devrait pas avoir sa place dans la société, même s'il est conscient que les trafiquants sont très créatifs pour trouver des molécules qui vont rendre une partie de la population accro aux drogues.
La répression c'est non seulement un échec, mais on dira ce qu'on voudra [...] il y a des pays qui ont mis en place la peine de mort, puis les résultats ne sont pas là. On peut même penser que ce serait la chose à faire, mais « been there, done that », comme disent les anglophones.
Source: La Presse Canadienne / Homme en situation d'itinérance à Toronto
Une société qui ne va pas bien
« On ne peut pas dire qu'on vit dans une société actuellement où tout va bien, puis c'est un euphémisme », résume Jean-Sébastien Fallu. Il dénonce le fait que les politiciens et politiciennes n'agissent pas plus sur la question dans une société aussi évoluée que la nôtre.
Il révèle que les États ont certains intérêts économiques par rapport à la drogue qui feraient en sorte qu'ils ne veuillent pas davantage faire changer les choses.
Malgré des fois, les évidences objectives, il n'y a pas beaucoup [d'États] qui sont prêts à changer parce qu'il y a beaucoup, beaucoup d'enjeux géopolitiques et économiques derrière le marché des drogues. C'est un énorme marché mondial. C'est le deuxième après le pétrole.
« Malheureusement, la politique, c'est toujours à courte vue, c'est aux 2 ans », résume M. Fallu.
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