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«La misère humaine, ç'a une odeur.»

«La misère humaine, ç'a une odeur.»
Image / PxHere / domaine public
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« La pauvreté, la misère humaine, ç'a une odeur. Tu t'en vas dans tous ces appartements là, ça sent toujours l'ostie de crasse. »

Le parfum ignoble de la misère, Monique* le sent depuis 25 ans. 25 ans qu'elle tente tant bien que mal de sauver des jeunes de milieux sordides.

Monique est intervenante à la DPJ. C'est le cas d'Alicia*, la fillette de Granby décédée après 7 ans d'enfer aux griffes de parents indignes, qui l'a poussée à contacter Cogeco Nouvelles.

Des Alicia, il y en a des dizaines au Québec selon Monique.

 

« Le monde a pas idée à quoi ça peut ressembler. C'est de la souffrance incroyable. »

Le cas d'Alicia, ce serait la règle, et non l'exception. Monique raconte le cas de Mélissa*, qu'elle suit encore à la DPJ.

 

« Mélissa, tsais sa mère l'envoyait chercher sa dope en bas, pis a disait à sa fille, tu sais comment faire pour la payer. Faque elle, a faisait une petite pipe au monsieur, pis a remontait. Criss, c'tait sa mère. V'là 3 semaines, Mélissa m'appelle, je savais qu'a l'avait eu un bébé. Je suis allé dans son appartement. T'as pas idée comment c'était dégueulasse dans l'appartement. Écoute, sa mère à elle est encore là... On dit un appartement... mais c'est même pas un appartement. Y'avait pas une porte d'armoire qu'y avait pas un ptit sac d'épicerie accroché après plein de déchets. Y'a pas un pouce de libre su la p'tite table ronde, c'est plein de cendriers, de botchs de cigarettes, 2 bouteilles de Jack Daniels, une vide, une avec encore de l'alcool dedans, des bières, ça fume là-dedans, pis je sais pas pourquoi, y'ont toutes des petits calices de chiens... Pis là l'enfant est là. Tsais quand t'as un enfant, tu parles de ton enfant... Y m'ont jamais parlé de leur enfant. Le chum, la seule ostie d'affaire qu'y a réussi à me dire pendant j'étais là, c'est de me montrer son bras. Y s'était fait faire un gros tatoo, genre tatou à 1000 $, y'était écrit Omerta. »

Et pour cet enfant, pas d'espoir, selon Monique : comme Alicia, il est condamné d'avance. 

« Ces enfants-là, y naissent, y'ont trois prises au bâton. Comment tu veux qu'y s'en sortent ? »

Et en filigrane, la loi du silence à la DPJ, et des cadres qui ne veulent surtout pas faire de vagues. 

« Tout ce qu'y veulent, nos chefs, c'est avoir la criss de paix. Y vont jamais se tenir debout et aller au combat contre un juge pour les jeunes. »

Bien qu'à plusieurs années de sa retraite, Monique prévoit démissionner de son poste à la DPJ sous peu, ne se sentant plus capable de sentir l'odeur de la misère du quotidien. 

* Les prénoms ont été modifiés afin de protéger l'identité des intervenants et victimes.

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