La pénurie d'enseignants qualifiés semble telle qu'un centre de services scolaires est prêt à confier des classes du primaire et du secondaire à des individus sans diplôme collégial ou universitaire.
Avant son retrait des réseaux sociaux, Cogeco Nouvelles a fait capture d'écran d'un avis de recherche de suppléants occasionnels publié par le Centre de services scolaires de Portneuf.
La seule qualification requise était de détenir un diplôme d'études secondaires.
Avoir un diplôme d'études collégiales ou universitaires serait considéré comme «un atout», mais ne serait pas obligatoire.
Un ex-moniteur de camp avec un secondaire 5 en poche pourrait, par exemple, remplacer des profs absents puisque l'on demande une expérience en animation de groupe.
Habituellement, la suppléance occasionnelle est confiée aux enseignantes débutant dans la profession.
Des enseignantes et des aspirantes ont réagi avec virulence sous la publication Facebook du Centre de services scolaires de Portneuf.
«Ayoye!!! Faire un bacc de 4 ans.. pour finalement voir une annonce de suppléants recherchés qui demande un DES... collégial ou universitaire, un atout. Sérieux!»
«Demander un DES alors qu’une formation universitaire est requise! Nivellement par le bas! Dévalorisation de la profession d’enseignant! Il manque d’infirmières, venez appliquer si vous avez un DES!!!»
«Criff je suis à l’uni depuis 5 ans pour être prof, ça me fait sentir comme de la marde ça.»
Un tel avis de recherche est le reflet de ce qui se passe dans le réseau scolaire aux dires de la présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement.
Josée Scalabrini estime que ça démontre une fois de plus que la profession d'enseignant n'est pas valorisée.
Elle dit comprendre qu'il faut avoir des humains en classe devant les élèves, mais ajoute qu'il faut bien les encadrer et les former.
«Si on va chercher des gens qui sont non légalement qualifiés... Quel est l'appui qu'on va donner à ces gens-là? [...] Est-ce que ça va devenir encore une surcharge de travail pour les gens autour de ces gens-là qui n'ont aucune formation pour enseigner? C'est très inquiétant et très décevant!»
«Aucun jugement sur ces gens-là qui répondraient présents. Eux, ils répondent à une demande qui est fait! On a un besoin... Il faut maintenant que les centres de services s'assurent que ces gens-là seront bien encadrés.»
La directrice générale du Centre de service scolaire de Portneuf, Marie-Claude Tardif, se dit «vraiment désolée» que cette publication ait été perçue comme un manque de considération.
Elle insiste sur le fait qu'il s'agit de suppléance «occasionnelle» et non pas de moyenne ou longue durée, et que la Loi sur l'instruction scolaire n'impose pas de critère pour les suppléants occasionnels.
Mme Tardif dit «voir aller les choses» et «voir le potentiel de personnel qualifié diminuer».
Assurant que les «filtres de qualité» vont rester, elle dit vouloir garnir la banque de candidats de façon préventive.
Source: Capture d'écran Facebook