S’il fallait une confirmation que Max Verstappen était l’homme à battre cette saison, nous l’avons eue ce week-end lors du Grand Prix de Styrie, première des deux épreuves se déroulant sur les terres de Red Bull.
Le circuit autrichien appartient en effet à Monsieur Red Bull lui-même, Dieter Mateschitz, et son pilote-vedette s’y est imposé pour la troisième fois, après ses succès de 2018 et 2019. Et on remet ça dimanche prochain au même endroit, ce qui n’augure rien de bon pour Mercedes…
C’était aussi une troisième victoire cette saison pour Mad Max et, n’eût été sa spectaculaire crevaison en fin de course à Imola, il en compterait une de plus. Son plus proche rival (et champion en titre), Lewis Hamilton, a de nouveau minimisé les dégâts en terminant deuxième pour la seconde fois en autant de courses.
Cela dit, avant de parler de déroute des Mercedes et de concéder tout de suite le championnat à Red Bull, il convient de rappeler que Verstappen et Hamilton ont le même nombre de victoires cette année (3). Et nous n’en sommes qu’au tiers de cette saison-marathon.
Et encore une fois – puisqu’il faut répéter souvent, tous les spécialistes en communication vous le diront -, rappelons que Sebastian Vettel trônait au sommet du classement général lors du congé estival de mi-saison en 2017 et 2018. Ajoutons que Lewis Hamilton brille toujours lorsqu’il se retrouve dans les câbles. Donc, avant de fermer les livres et de déclarer Verstappen champion du monde 2021, attendons un peu.
Zzzzzzzzzzzzzz…
Il faut cependant reconnaître que c’est la première fois depuis le début de l’ère hybride que Mercedes fait face à une menace aussi sérieuse. Contrairement à Vettel et Ferrari, Verstappen et Red Bull ne craquent pas sous la pression. Hamilton n’a pas eu d’adversaire aussi coriace depuis Nico Rosberg. Si le duel au sommet s’annonce passionnant, il faut souhaiter qu’il n’y ait pas trop de courses à l’image de ce Grand Prix de Styrie qui fut, disons-le soporifique. La semaine dernière, en France, certain(e)s puristes adeptes de stratégie y ont trouvé leur compte, mais la première manche de ce programme double autrichien fut d’un ennui mortel.
Le nouveau tracé du Red Bull Ring fait partie de cette lignée de circuits qui semblent avoir été conçus pour la promenade. Les monoplaces se suivent à la queue leu-leu et il n’y a que la pluie qui peut rendre ça intéressant. On est loin de l’époque où des vainqueurs improbables s’imposaient en Autriche : pensons à la seule victoire des écuries américaines Penske (1976, John Watson) et Shadow (1977, Alan Jones), ainsi qu’aux triomphes uniques des pilotes italiens Lorenzo Bandini (1964) et Vittorio Brambilla (1975). Leur compatriote Elio de Angelis y a aussi remporté une de ses deux victoires en F1 (1982). C’était, il faut le préciser, sur l’ancien tracé de l’Österreichring. Depuis le retour de l’épreuve autrichienne au calendrier, en 2014, les surprises ont été inexistantes sur ce circuit.
Source: The Associated Press | La voiture de Lance Stroll, dimanche
Leclerc brille, Stroll assure
Deux fois victorieux en Autriche, en 2017 et l’année dernière, Valtteri Bottas, évanescent depuis le début de la saison, a fait amende honorable avec une troisième place, après un incident inusité lors des essais du vendredi : le Finlandais a fait un tête-à-queue… dans la ligne des puits ! Quand ça va mal… Rétrogradé de trois places sur la grille à cause de cette gaffe, il a sauvé son week-end avec un podium. Tant mieux pour lui parce qu’il marche sur une glace très mince : la rumeur d’un échange Bottas-Russell circule dans le paddock.
Charles Leclerc en est un autre qui a brillé lors de cette épreuve, qui a pourtant bien mal commencé pour lui : le bouillant Monégasque a dû rentrer aux puits pour changer l’aileron avant de sa Ferrari après avoir été impliqué dans un accrochage au départ avec Pierre Gasly, ruinant ainsi la course de ce dernier.
Les commissaires ne l’ont pas pénalisé, mais le Diable rouge a trouvé le moyen d’avoir un autre contact, cette fois avec Kimi Raikkonen. Ces péripéties ne l’ont pas empêché d’être choisi Pilote du jour, grâce à une superbe remontée qui l’a ramené en 7e place, tout juste derrière son coéquipier Sainz, qui a aussi été solide.
Lance Stroll, quant à lui, a de nouveau récolté de précieux points pour son équipe en terminant derrière Leclerc. Capable du meilleur comme du pire, le pilote montréalais a disputé un deuxième sans-faute d’affilée : bon départ, bonne gestion de course, constance… Mieux encore, il a devancé son coéquipier, Sebastian Vettel, tout le week-end, en qualifications comme en course. Le talent est là : des départs en première ligne et des podiums l’ont déjà confirmé, sans oublier sa maestria sous la pluie; il ne lui reste plus qu’à aligner les bonnes performances. Ce ne serait pas le premier « late bloomer » en F1 : Nigel Mansell, pour ne citer que lui, avait connu quatre saisons difficiles chez Lotus avant d’éclore chez Williams. Alors…