Stellantis annonce un investissement majeur aux États-Unis, une décision qui a des répercussions directes sur le Canada.
Avec un plan colossal de 13 milliards de dollars, le plus important investissement unique de son histoire, le constructeur automobile compte renforcer sa croissance sur le marché américain et redynamiser ses usines, dont certaines avaient cessé leurs activités.
Toutefois, derrière ce renouveau industriel se cachent des conséquences importantes pour l'industrie canadienne.
Projet structurant
Le plan de Stellantis se déploiera sur quatre ans et vise à augmenter de 50 % la capacité de production américaine. Au programme : cinq nouveaux modèles, un moteur quatre cylindres de dernière génération et la modernisation de plusieurs usines, ce qui permettra de créer quelque 5 000 emplois manufacturiers en Illinois, en Ohio, au Michigan et en Indiana.
Parmi les annonces phares, on note la réouverture planifiée de l'usine de Belvidere pour assembler les Jeep Cherokee et Compass, la production d'un camion Ram de taille moyenne à Toledo, et celle d'un grand VUS à Warren, qui sera offert avec une motorisation à essence ou hybride à autonomie prolongée.
Sous la direction du nouveau président Antonio Filosa, en poste depuis juin, la stratégie est claire : s'adapter au marché américain de plus en plus protectionniste, répondre aux droits de douane et capitaliser sur la reprise industrielle pour solidifier la présence locale de l'entreprise.
« Nous partageons évidemment l’objectif de créer des emplois américains dans des usines américaines », a affirmé M. Filosa, soulignant l’importance du tissu manufacturier local.
Conséquences canadiennes
Cette réorientation industrielle ne se fait pas sans répercussions au Canada. L'usine de Brampton, qui assemblait le Jeep Compass pour le marché nord-américain, verra la production de ce modèle transférée au site de Belvidere.
Cette perte met en lumière la vulnérabilité du Canada face à la stratégie de rapatriement industriel de Stellantis. Il faut d'ailleurs rappeler que le constructeur avait déjà mis en pause ses projets d'investissement en sol canadien depuis février dernier.
Stellantis a pour sa part publié une déclaration à l'Agence France-Presse réitérant son engagement envers le Canada : « Nous sommes au Canada depuis plus de 100 ans et nous investissons », a déclaré l'entreprise, ajoutant qu'elle avait « des projets pour Brampton et les partagerait lors de discussions ultérieures avec le gouvernement canadien ».
Les gouvernements fédéral et ontarien devront donc redoubler d'efforts pour négocier avec le constructeur et s’assurer que les investissements promis pour l'usine de Windsor se concrétisent. Les retombées de cette décision dépassent largement la simple perte de volume de production : elles menacent tout l’écosystème des fournisseurs, les concessionnaires et l’ensemble du réseau économique qui gravite autour du secteur manufacturier automobile.
Nouveaux défis
L'annonce de Stellantis a été bien accueillie par les investisseurs et les analystes américains, et l'action du constructeur a connu une forte hausse en bourse.
De son côté, le Canada doit plus que jamais défendre ses atouts et négocier fermement pour que le secteur automobile demeure un pilier de son industrie.
Contenu original de auto123.