Les contrôleurs routiers de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) sont théoriquement responsables d'intercepter les camions dangereux. Or, un jugement récent les empêche d'exercer leur travail sur les routes en attendant que des correctifs soient apportés dans leur travail.
Bloqués dans leurs postes de contrôle en attendant que le dossier avance, ils sont devenus, de facto, impuissants. Le député libéral Monsef Derraji, porte-parole de l’opposition en matière de transport, déplore le manque de leadership du gouvernement Legault dans ce dossier.
Selon M. Derraji, ce problème va bien au-delà de la simple sécurité routière. Il s'agit aussi d'un enjeu économique majeur. Les chauffeurs de cette filière sont souvent travailleurs autonomes, ne cotisant ni au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) ni à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Le manque à gagner pour l'État québécois est énorme, estimé à 16 250 $ par chauffeur par an, soit jusqu'à 1,5 milliard de dollars à l'échelle canadienne.
«Au niveau du Canada on estime que le phénomène touche environ 100 000 camionneurs. Et les entreprises ayant recours à cette pratique ne payent pas les obligations de l'employé, donc le courtier économise de l'argent, le chauffeur économise de l'argent, mais au bout de la ligne, ils sont en train de voler l'État. Et il y a des décès à cause de ce phénomène.»
M. Derraji a souligné que le gouvernement du Québec, tout comme le gouvernement fédéral, est parfaitement au courant de ce phénomène. Malgré cela, les actions concrètes se font attendre, même après le dépôt d'un projet de loi libéral en avril dernier. L'inaction du gouvernement fédéral, dirigé par le premier ministre Justin Trudeau et ses ministres Freeland et Rodriguez, est également pointée du doigt, étant donné que la filière est basée en Ontario.
La mobilisation citoyenne
Face à l'inertie des gouvernements, un collectif, « Assez, c’est assez. Sauvons l’industrie du camionnage », a vu le jour. Ce groupe a l'intention de mobiliser ses membres et de bloquer les routes à compter du 22 septembre pour faire entendre sa voix. Cette initiative, soutenue par une pétition qui a déjà recueilli des milliers de signatures, démontre le ras-le-bol d’une industrie et d’une population qui se sentent abandonnées.
La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a décliné notre demande d'entrevue.