L'éditeur Michel Brûlé a témoigné au palais de justice de Québec dans le cadre de son procès pour agression sexuelle.
L'écrivaine, qui allègue avoir été agressée sexuellement en mars 2014 à la résidence de l'éditeur à Québec, l'avait dénoncé dans la foulée du mouvement #MoiAussi.
La présumée victime, âgée de 43 ans, allègue qu'il l'aurait retenu contre une rampe. Qu'il l'aurait embrassé et attouché contre son gré.
Michel Brûlé, qui pourtant ne se souvenait plus de la présumée victime au moment où la vague de dénonciations a déferlé, est plutôt d'avis qu'elle était consentante quand elle s'est présentée chez lui pour lui présenter son manuscrit.
Il l'a qualifiée de «câline», et qu'il émanait d'elle une «véritable tension sexuelle».
Il a dit au juge que sa présumée victime aurait gémi de plaisir quand il lui aurait fait un massage des trapèzes.
Michel Brûlé avance qu'il l'aurait invité à le rejoindre dans la salle de bain ce qu'elle aurait fait de son plein gré. Ce que l'écrivaine nie avoir fait.
Il dit avoir vu le «désir» dans ses yeux.
Elle lui aurait également dit qu'il était «viril» et c'est alors qu'il l'aurait embrassé.
Selon l'éditeur, elle n'aurait pas refusé.
L'écrivaine aurait continué à l'embrasser jusqu'à ce qu'il glisse sa main de ses seins vers son entrejambe.
Pris de panique, elle aurait quitté les lieux en trombe.
L'éditeur a expliqué avoir couru derrière elle dans les escaliers en lui disant que «c'était plate de se laisser comme ça».
Comme il n'était pas son éditeur, il ne transgressait pas sa règle d'or de ne jamais coucher avec ses auteures.
« Le fait qu'elle tourne la langue dans le même sens me laissait croire qu'elle était consentante. [...] C'était tellement intense, ça doit avoir duré une minute ou deux. »
Invité par son avocat à expliquer pourquoi il ne se souvenait plus de la présumée victime lors d'un entretien avec un policier au début 2018, Michel Brûlé a dit qu'il était célibataire et que bien des femmes sont allées chez lui pour prendre des douches.
L'accusé sera contre-interrogé ce mercredi par la procureure de la Couronne, qui a simplement indiqué au juge avoir besoin de temps pour se préparer devant cette nouvelle version de l'éditeur.
Une version que la présumée victime n'a pas tenu à entendre en salle d'audiences.
Comparé à un «gros côlon»
L'ex-conjoint de la présumée victime est venu expliquer que sa femme était en panique au sortir de sa rencontre avec Michel Brûlé.
Qu'elle hurlait au bout du fil et qu'elle tremblait encore à son arrivée à la maison une trentaine de minutes plus tard.
Il a admis avoir invité sa femme à ne pas porter plainte en 2014 ne sachant pas trop si les gestes reprochés à l'éditeur étaient criminels.
«Dans ma tête, c'était un «gros côlon» qui a été malhabile pour séduire quelqu'un... Est-ce qu'un gros côlon mérite d'être en prison?»
C'est seulement en entendant parler des cas de Gilbert Rozon et d'Éric Salvail à l'émission de Paul Arcand au 98,5, qu'il a eu la conviction que son ex avait été victime d'une agression sexuelle.
La présumée victime a porté plainte plus de trois ans après les gestes, soit en octobre 2017.