Dans un souci de faire la démonstration que nous sommes témoin d'une période de collaboration inédite, Québec et Lévis annoncent la naissance d'une zone économique métropolitaine pour favoriser le développement régional plutôt que le chacun pour soi.
La démarche annoncée par les maires Bruno Marchand et Gilles Lehouillier ainsi que les deux ministres régionaux Jonatan Julien et Bernard Drainville deviendra plus concrète, promettent-ils, avec la présentation des axes d’intervention prioritaires et des cibles stratégiques à l'occasion d'une journée qui sera organisée en juin.
Le tout sera élaboré par un comité de coordination qui aura la responsabilité de veiller sur le déroulement des travaux.
Les quatre élus affirment que les chambres de commerce, les entreprises ainsi que les acteurs économiques, institutionnels et culturels seront appelés à contribuer à cet « effort de collaboration » qui visera à trouver des solutions régionales à des enjeux comme la pénurie de main-d'oeuvre, le transport de marchandise, la mobilité et l'implantation de nouvelles entreprises.
« Les symboles sont importants, pis on ne va pas en rester aux symboles. On va travailler très fort pour produire des résultats (...) De voir les deux ministres régionaux et les deux maires ensemble qui se disent : eille, on va se serrer les coudes et on va développer, c'est une bonne nouvelle. »
Le budget dédié à cette zone économique dont le rôle reste flou pour l'instant n'est pas connu, mais on sait que la moitié de l'enveloppe sera financée par le Secrétariat de la Capitale-Nationale et que la Ville de Québec et la Ville de Lévis se partageront l'autre portion.
« Dos au fleuve »
Si les quatre politiciens ne sont pas nécessairement sur la même longueur d'ondes au sujet de tous les enjeux régionaux, en l'occurrence le troisième lien, le quatuor a répété à plusieurs reprises qu'il est possible de travailler ensemble sans être d'accord sur tout.
La construction d'un tunnel est incontournable aux yeux du gouvernement Legault et du maire de Lévis tandis que le maire de Québec préfère attendre d'avoir en main plus de données.
Ça ne les empêche pas pour autant de se présenter comme deux administrations municipales plus unis que jamais.
Les relations étaient plutôt froides entre Québec et Lévis depuis l'abandon du SRB sur la Rive-Sud en 2017.
« Il est révolu ce temps où Québec se développait dos au fleuve. »
Le maire Bruno Marchand ne croit pas non plus que la vision axée sur l'intérêt régional désavantage Québec qui pourrait voir des entreprises s'installer à Lévis plutôt que sur la Rive-Nord.
« On n'est pas en concurrence avec Lévis, Lévis n'est pas en concurrence avec Québec. On est en concurrence avec d'autres régions dans le monde, au Canada et au Québec. Ou on regarde le train passer ou on décide de s'allier. »
Les oppositions restent sur leur faim
Quand la salle s'est vidée, les élus de l'opposition à l'hôtel de ville cherchaient encore les éléments concrets dans cette annonce.
Selon le chef de Québec d'abord, Claude Villeneuve, le fait d'entretenir des canaux de communications et de parler de développement font parties de ce que la population s'attend des élus, comparant l'annonce à « du manger mou ».
Son collègue de la deuxième opposition, le conseiller d'Équipe priorité Québec, Stevens Mélançon, affirme pour sa part se poser « énormément de questions », déplorant que la présentation contenait beaucoup de théorie, mais peu de pratique.