Face à l'augmentation du nombre de surdoses par opioïdes à Québec, le docteur Philippe Robert, directeur régional de santé publique de la Capitale-Nationale, croit nécessaire de voir plus de sites de consommation supervisée être mis sur place dans la région.
Le site actuel est petit par rapport aux besoins, ça a énormément augmenté dans les dernières années. C'est 35 000 visites dans une année. C'est beaucoup, ça répond aux besoins qu'on pouvait documenter et c'est une façon de sauver des vies. Maintenant, on voudrait, oui, qu'il y en ait plus et on pense que d'avoir des sites à différents endroits, ça va moins concentrer les gens à l'extérieur qui peuvent attendre avant, après.
Source: La Presse Canadienne / Centre de consommation supervisée
Il précise qu'il y a toutefois des enjeux de financement et que le système de santé est « sous pression », mais que c'est une solution nécessaire dans le contexte actuel.
Dr. Robert indique que chaque année depuis 2020, entre 25 et 30 personnes décèdent d'une surdose d'opioïdes à Québec.
Or, cette année, selon des données préliminaires, tout indique que le nombre de décès augmentera.
Depuis le début de l'année 2025, on a reçu une trentaine de signalements pour des décès liés à des surdoses. On est en train de les investiguer, les coronaires aussi, donc on va voir s'il y a une augmentation dans la région [...] C'est une épidémie importante.
Philippe Robert souligne la complexité des facteurs contribuant à la dépendance et l'importance de distinguer itinérance et consommation d'opioïdes.
Contrairement à la croyance populaire, il explique que les principaux facteurs sociaux liés à cette crise sont la perte d'emploi, les ruptures, les dépressions, ou encore la souffrance dans l'enfance.
Environ 75% des décès liés aux surdoses d'opioïdes ont lieu dans des logements selon ses informations.
« On ne s'imagine pas la réalité des gens qui vont consommer parce qu'on ne les cotoie pas au quotidien », explique-t-il.
Source: La Presse Canadienne / Opioïdes
Il démend aussi une opinion répandue selon laquelle les sites de consommation supervisée attirent des gens qui voudraient commencer à consommer de la drogue.
Le docteur précise que « ce n'est pas les sites qui amènent les gens qui consomment, ils ne font que répondre à un besoin là où il y en a un ».
Il ajoute que des gens de tous les âges sont touché·es par les surdoses, et ce, dans tous les quartiers de Québec.
Parmi les moyens utilisés pour atténuer les effets de la crise, les intervenant·es et le personnel de santé ont donné 18 000 doses de naloxone, un médicament qui renverse l'effet des opioïdes rapidement.
Il peut sauver des vies, mais ce n'est pas la seule solution à utiliser, selon le directeur régional de santé publique.
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