Un proxénète converti à la religion rastafari échoue dans sa tentative d’obtenir un dédommagement pour s’être fait servir du porc en prison.
Séraphin Richer a été incarcéré entre mai 2013 et juin 2015 à la prison de Rivière-des-Prairies.
Il est aussi connu sous le surnom peu élogieux du «pimp cannibale» après avoir été reconnu coupable et ensuite acquitté d’avoir arraché en partie les oreilles d’un co-détenu.
Défendu par la Commission des droits de la personne, M. Richer réclamait 5000$ au Procureur général, soit 3000$ à titre de dommages moraux et 2000$ à titre d’indemnité pour dommages punitifs.
Pas de porc et pas de tabac
Après avoir formulé une demande de diète respectant ses croyances politiques, M. Richer soutient n’avoir reçu une diète sans porc qu’«une fois sur cinq» ; «à force de crier et de se plaindre», «puis, sans préavis» se l’être fait retiré.
Il alléguait avoir été privé de 124 repas, puisque ceux fournis ne respectaient pas sa diète rastafari.
La religion rastafari, apparue en Jamaïque dans les années 30, considère «le corps comme un temple, dans lequel il faut faire attention à ce qu’on met.»
Selon les préceptes de cette religion, évoqués dans les documents de cour, le porc est considéré comme un animal «impur», et il lui est interdit de fumer du tabac.
Quand on lit davantage sur la religion rastafari et le régime Ital, on comprend que toute viande est interdite, pas seulement le porc, et qu’il est permis de fumer, mais du cannabis seulement.
Durant son séjour, il refuse de manger des hot-dog, du pâté chinois, du «steak de Bologne» estimant qu’il y a du porc, alors que c'est plutôt du poulet.
Contradictions et exagérations
Le Tribunal note plusieurs discordances, «contradictions» et «exagérations» entre le témoignage et les agissements de M. Richer.
Par exemple, il a acheté des flocons de jambon, du pepperoni et plus de 500$ en tabac à la cantine de la prison.
Il dit aussi avoir compilé les fois où l'établissement carcéral n'a pas respecté sa diète, mais cela ne correspond pas au menu établi lors de cette période.
Initialement, M. Richer réclamait 5000$ pour couvrir ses achats à la cantine afin de substituer des repas, sauf que la preuve démontre qu’il a seulement dépensé pour 700$ de nourriture durant cette période.
«Force est de conclure que M. Richer exagère ou ne dit pas tout.», conclut la juge dans sa décision datée du 13 février dernier.
Le Tribunal ne conteste toutefois pas le fait que M. Richer soit de confession rastafari, non plus qu'il est ait droit à une diète religieuse.